Qu’est-ce que la rationalité ?
La finance comportementale part du postulat que les investisseurs n’agissent pas de façon rationnelle, un investisseur peut être biaisé contrairement à ce qui est théorisé par l’économie classique.
Homo sapiens n’est pas Homo oeconomicus.
Nos décisions sont fortement influencées par nos émotions, la pression sociale, les erreurs de logique ou encore de mémoire.
Ces biais cognitifs sont souvent présentés comme négatifs car ils nous empêchent de prendre de bonnes décisions.
Cependant, le terme de biais cognitifs recouvre des mécanismes cognitifs très différents. Il invite à se poser la question de qu’est-ce qu’être rationnel. S’agit-il d’une déviation de la maximisation du profit individuel? De la vérité mathématique, de la sagesse, de la réalité ? D’un optimum évolutionniste ?
L’aversion à la perte et la rationalité
Est-il par exemple rationnel d’être averse à la perte?
Cela dépend tout d’abord du contexte. Un trader aura intérêt à avoir une approche agressive pour maximiser son profit. Un médecin devra être plutôt conservateur pour sauver des vies.
Par ailleurs, en tant qu’individu, nous pouvons assumer pleinement notre aversion à la perte comme étant un trait de notre personnalité. Il s’agit dans ce cas plutôt d’une question de préférence personnelle que de rationalité.
L’optimisme et la rationalité
Pour l’optimisme, le sujet est plus délicat. On ne choisit pas vraiment de surpondérer nos chances de réussite. Le processus est inconscient et beaucoup préfèrerait l’éviter pour avoir une perception plus juste de la réalité.
Sommes nous donc irrationnels en étant optimistes?
A nouveau, la réponse n’est pas évidente. L’optimisme nous rend irrationnel dans la mesure où nous percevons la réalité de manière erronée.
Néanmoins, dans certains cas, cela peut avoir un impact positif sur nos décisions. Si nous sommes des entrepreneurs ou des politiciens, l’optimisme sera un facteur essentiel de succès.
Les faux raisonnements et la rationalité
Qu’en est-il de la mémoire ou des erreurs de causalité? Est-il irrationnel de se souvenir uniquement des premières ou dernières phrases d’un entretien, d’être influencé par les dernières actualités que nous venons de lire, de prendre des décisions différentes en fonction de comment l’information est présentée…?
Ces biais cognitives peuvent certes nous amener à prendre des décisions erronées et sous-optimales. Néanmoins, ces heuristiques nous aident aussi à ne pas rester bloquer dans des situations d’incertitude ou lorsque notre temps est limité.
Si nous avons très peu de temps pour nous remémorer une histoire, se focaliser sur les premiers et derniers éléments du récit est une technique très efficace. En situation d’incertitude, utiliser les dernières informations tirées de l’actualité vaut mieux que de prendre une décision complètement à l’aveugle.
Je suis biaisé, est-ce que c’est grave ?
Certains biais cognitifs, comme l’aversion à la perte, sont intimement liés à la personnalité ou aux préférences personnelles. Il est donc difficile de les considérer comme « bons » ou « mauvais ». Même si nous sommes conscients de ces biais, nous ne souhaitons pas nécessairement changer.
D’autres biais, comme les erreurs cognitives ou des biais sociaux, nous font percevoir le monde de manière erronée. Nous ne sommes généralement pas conscients de ces biais qui nous influencent à notre insu. Néanmoins, ces biais peuvent parfois nous permettre de prendre des décisions rapidement, y compris dans des environnements complexes et incertains, dans lesquels notre système 2 rationnel aurait du mal à analyser toutes les composantes.
Enfin, les erreurs de logique comme l’erreur du taux de base ou les erreurs de syllogisme sont de vraies erreurs de rationalité mathématique, qu’il est a priori préférable d’éviter en toute circonstance !
Références
Thinking fast and slow, D.Kahneman