Qu’est-ce que l’excès de confiance ?
La finance comportementale est un concept qui trouve son origine dans les années 1970-1980 chez les psychologues Daniel Kahneman et Amos Tversky associant le monde complexe de la finance à la psyché humaine, tout aussi déroutante. Bien que la finance comportementale soit un sujet très bien étudié et couvre de nombreuses activités différentes liées à la gestion de portefeuille et aux affaires, il s’agit encore d’un nouveau sujet qui nécessite des recherches plus approfondies
Plus précisément, la finance comportementale étudie l’impact des biais cognitifs sur nos décisions financières. Le biais d’excès de confiance est l’un d’entre eux qui a un impact particulièrement fort.
L’excès de confiance désigne la tendance des individus à avoir une idée exagérée de leurs propres capacités, connaissances ou performances dans diverses tâches ou domaines. Il s’agit d’un biais cognitif qui consiste à croire que l’on est plus compétent, plus capable ou plus précis qu’on ne l’est en réalité. Ce biais peut conduire les individus à surestimer leurs compétences, à sous-estimer les risques et à prendre de mauvaises décisions sur la base d’une vision trop optimiste de leurs capacités.
Deux dimensions principales de l’excès de confiance
- La surestimation des capacités : Les individus croient souvent qu’ils sont plus compétents ou mieux informés qu’ils ne le sont réellement. Cela peut conduire à des situations où les gens surestiment leur capacité à effectuer des tâches, à résoudre des problèmes ou à faire des prédictions exactes.
- Sous-estimation du risque ou de l’erreur : L’excès de confiance peut également se manifester par une sous-estimation de la probabilité de commettre des erreurs ou de subir des conséquences négatives. Les gens peuvent prendre plus de risques qu’ils ne le devraient parce qu’ils pensent qu’ils ont moins de chances d’échouer qu’ils n’en ont en réalité.
Le biais d’excès de confiance dans la finance
Dans le domaine financier, ce biais conduit les gens à investir dans des actifs qu’ils connaissent bien, ce qui signifie que leurs portefeuilles sont moins diversifiés que ceux d’une personne ne souffrant pas du même biais, ce qui rend leurs portefeuilles plus risqués et plus susceptibles de subir des pertes. (Ritter, 2003)
Une autre caractéristique des investisseurs trop confiants est l’excès de transactions. Alors que l’investisseur rationnel n’effectue un investissement que lorsque les bénéfices dépassent les coûts de transaction, l’investisseur irrationnel, trop confiant, surestime les bénéfices et les coûts de transaction qui s’avèrent finalement négatifs. En outre, un investisseur trop confiant qui effectue des transactions excessives accumulera naturellement une somme plus importante dans son portefeuille, réduisant ainsi à néant ses bénéfices potentiels.
Un autre aspect intéressant de cette théorie est que les hommes sont plus affectés par ce biais que les femmes. Comme les hommes ont tendance à faire preuve d’un plus grand excès de confiance que les femmes, ils négocient également davantage et obtiennent donc de moins bons résultats que les femmes. (Barber & ; Odean, 2001)
Le biais d’excès de confiance est un phénomène qui se manifeste également en dehors de l’investissement et qui affecte nos tâches cognitives quotidiennes. Il peut nous affecter de plusieurs manières, tant dans notre façon de penser que dans notre façon d’agir. Un exemple classique de la manière dont le biais de confiance excessive affecte notre pensée est une étude montrant que 93 % des conducteurs américains pensent qu’ils sont meilleurs que la moyenne, ce qui n’est bien sûr pas statistiquement possible (Nikolopoulou, 2023). Cela peut bien sûr s’appliquer à la finance et à l’investissement, où la majorité des analystes de marché considèrent que leurs compétences analytiques sont supérieures à la moyenne, ce qui est là encore impossible selon les statistiques (Corporate Finance Institute, 2023).
Comment atténuer le biais d’excès de confiance ?
- Conscience de soi : Reconnaissez que l’excès de confiance est un biais cognitif courant et soyez attentif aux situations dans lesquelles vous pourriez y être enclin.
- Cherchez à obtenir un retour d’information : Sollicitez l’avis de vos pairs, de vos mentors ou d’experts afin d’obtenir un point de vue plus objectif sur vos compétences et vos décisions.
- Encouragez la pensée critique : Cultivez l’habitude d’évaluer de manière critique vos propres hypothèses, décisions et actions. Envisagez d’autres points de vue et des risques potentiels.
- Faites preuve d’humilité : Reconnaissez que personne n’est à l’abri d’erreurs ou de fautes de jugement. Faites preuve d’humilité et d’ouverture d’esprit pour apprendre de vos échecs.
- Diversifier les sources d’information : Recherchez un large éventail d’informations et d’opinions pour éviter d’être trop influencé par vos propres préjugés.
En prenant conscience du biais d’excès de confiance et en s’efforçant activement d’en contrer les effets, les individus peuvent prendre des décisions plus éclairées et plus rationnelles, ce qui se traduit par de meilleurs résultats dans divers aspects de leur vie.