Excès de confiance

Êtes-vous trop confiants ? Faisons-un petit test pour le découvrir !

Répondez à chacune des questions suivantes puis indiquez votre niveau de confiance dans votre réponse.

Quelle ville a le plus d’habitants ?

  1. Paris
  2. Rio de Janeiro
  3. Chennai

Niveau de confiance : 10% 30% 50% 70% 100%

Quelle est la capitale de l’Ouzbekistan ?

  1. Tachkent
  2. Tchakent
  3. Tchekant

Niveau de confiance : 10% 30% 50% 70% 100%

Quelle est la première cause de décès aux Etats-Unis ?

  1. Cancer
  2. Accident de voiture
  3. Maladies cardiaques

Niveau de confiance : 10% 30% 50% 70% 100%

Quel est le nom du premier fils de Catherine de Médicis ?

  1. Henri II
  2. François II
  3. Charles IX

Niveau de confiance : 10% 30% 50% 70% 100%

Voici les bonnes réponses :

  • Rio de Janeiro
  • Tachkent
  • Les maladies cardiaques
  • François II

Vous pouvez maintenant calculer la moyenne de vos niveaux de confiance et la comparer au pourcentage de réponses correctes que vous avez obtenu.

L’excès de confiance englobe différentes façons de surestimer ses propres capacités. Par exemple :

  1. L’effet « mieux que la moyenne » : penser que nous sommes meilleurs que la moyenne des autres
  2. L’optimisme irréaliste : penser que nos capacités et nos connaissances seront nécessairement meilleures dans le futur
  3. Les illusions de contrôle et de connaissances : penser que nos capacités sont meilleures que ce qu’elles sont en réalité

Différentes études ont montré l’impact fort qu’a ce biais sur les décisions en entreprise. Pour le mesurer, la technique la plus classique dans le monde académique est de réaliser un test similaire au test ci-dessus, avec plus de questions. Plus le score est faible, plus vous êtes confiant.

Les autres manières de mesurer l’excès de confiance

  • L’approche empirique :
    L’analyse du discours ou des comportements passés des traders par comparaison avec la réalité (Tate, Malmendier, 2005)

  • Les tests cognitifs :

    1. La comparaison avec la moyenne : on peut demander aux sujets d’évaluer leur propre niveau de confiance dans une déclaration. Toutes les affirmations avec le même niveau de confiance peuvent être regroupées ensemble et comparées à la fréquence réelle de bonnes réponses.
    2. La comparaison avec les résultats réels individuels : on peut tester les sujets grâce à des questions à choix multiples en leur demandant leur niveau de confiance (parfois sous la forme d’intervalles) dans chacune de leur réponse, qui peut être obtenu sur une échelle allant du hasard à la certitude totale. On peut ensuite comparer le score alors obtenu à l’exactitude réelle de leurs réponses.
    3. Le pari sur les réponses : on peut proposer aux sujets la possibilité de parier sur l’exactitude de leurs réponses, avec un fonctionnement tel qu’ils perdent de l’argent si leur jugement est trop confiant.

Ces différentes méthodes ont été utilisées en management pour étudier, par exemple, l’excès de confiance des entrepreneurs par rapport aux managers ou aux professionnels de la finance. Voici quelques résultats de ces études :

Les entrepreneurs sont plus sûrs d’eux que les managers

Une expérience menée par Busenitz et Barney en 1997 a montré que les entrepreneurs étaient plus sûrs d’eux que les managers.

Les personnes très sûres d’elles-mêmes sont plus narcissiques et prennent plus de risques

Dans une autre étude réalisée par Campbell et al., il est montré que les personnes narcissiques (avec une haute estime d’elles-mêmes) sont plus susceptibles de prendre des risques et d’être trop sûres d’elles. Plusieurs études menées sur des traders confirment cette corrélation forte entre excès de confiance et prise de risque.

L’excès de confiance augmente le volume d’opérations financières sans augmenter la performance des traders trop confiants

Selon T. Odean et Weber et al., les traders trop sûrs d’eux-mêmes se révèlent moins efficaces que les autres en négociant davantage et en prenant plus de risques sans augmenter la rentabilité.

Excès de confiance :
Glaser, Markus, and Martin Weber. “Overconfidence and trading volume.” The Geneva Risk and Insurance Review 32.1 (2007): 1-36

Quelques autres conséquences de l’excès de confiance sur les décisions financières :

  1. Commerce agressif (e.g. Deaves et al., 2009)
  2. Sous-diversification du portefeuille (e.g. Odean, 1999)
  3. Gestion libre du portefeuille (e.g. De Bondt and Thaler,1994)
  4. Performance sous-optimale (e.g. Fenton-O’Creevy et al., 2003).

Références :

Volume, volatility, price, and profit when all traders are above average, T.Odean, 1998
Glaser, Markus, and Martin Weber. “Overconfidence and trading volume.” The Geneva Risk and Insurance Review 32.1 (2007): 1-36

Differences between entrepreneurs and managers in large organizations: Biases and heurisitcs in strategic decisino-making, Journal of Business Venturing (1997) Volume: 12, Issue: 1, Publisher: Elsevier, Pages: 9-30

Narcissism, Confidence, and Risk Attitude, W. KEITH CAMPBELL*, ADAM S. GOODIE and JOSHUA D. FOSTER

 

Auteurs : Amélie Clavé et Tiphaine Saltini