Biais cognitif : Sophisme du joueur

Vous devez recruter un gestionnaire de projet. Pour ce poste et dans ce secteur, il y a autant d’hommes que de femmes et de très nombreux candidats potentiels.

Vous avez rencontré ce matin 6 candidats, qui étaient toutes des femmes.

Cet après-midi, vous devez échanger encore avec 4 candidat(e)s.

Quelle est, selon vous, la distribution des genres (M, masculin et F, Féminin) de ces 4 nouveaux candidats la plus probable?

  1. MMMM
  2. FFFF
  3. MFMF

Comme il y a beaucoup de candidats potentiels avec une distribution égale entre les hommes et les femmes, les événements (rencontrer un candidat d’un genre spécifique) sont indépendants et de probabilités égales.

Chaque fois que vous rencontrez un candidat, vous avez donc 50 % de chances que le candidat soit un homme ou une femme. Par conséquent, le fait d’avoir rencontré 6 candidates le matin n’a pas d’incidence sur la probabilité d’avoir plus ou moins de femmes ou d’hommes candidats l’après-midi. Les scénarii 1, 2 et 3 ont donc une probabilité égale de se produire.

Pourtant, beaucoup de personne seront interpellés par le scénario 2 dans lequel 10 candidates seraient interviewées le même jour.

Ce scénario semble moins probable que les autres. Une interprétation particulière semble s’imposer. La culture de l’entreprise est-elle particulièrement attrayante pour les femmes? L’offre d’emploi est-elle biaisée?

Ce biais cognitif est appelé bias du parieur ou sophisme du joueur.

Il fait référence notamment aux joueurs de casino qui pensent, après avoir gagné plusieurs partis, qu’il est important de persévérer car il s’agit de leur « jour de chance ». En réalité, leurs gains passés n’ont aucune influence sur leur gains futurs car il s’agit bien d’évènements indépendants et aléatoires.

Ce sophisme du joueur affecte bon nombre de nos décisions quotidiennes, y compris nos décisions d’investissement.

Référence


Frederick, S. (2005). Cognitive reflection and decision making. The Journal of Economic Perspectives, 19(4), 25-42.