Une initiative législative majeure : la Stratégie pour l’Investissement des Particuliers (RIS)
Ça y est, la proposition législative tant attendue, dans le cadre de la Stratégie pour l’Investissement des Particuliers (RIS), a été publiée le 24 mai 2023 par la Commission Européenne (CE). C’est une proposition majeure et lourde de conséquence car elle ne modifie pas moins de 5 textes fondamentaux ayant trait à cet univers de l’investissement par les particuliers.
La Commission présente ce projet comme une initiative majeure pour améliorer le cadre et la protection des investisseurs particuliers. Il s’agit aussi de renforcer leur confiance et leur participation dans les marchés financiers. Ainsi, ils pourront contribuer au succès du projet de l’Union des Marchés de Capitaux sur lequel la CE travaille depuis des années.
De nombreuses propositions
Le projet législatif de la CE comporte de nombreux points sur lesquels nous reviendrons dans de prochains articles.
Il n’inclut pas une interdiction générale des rétrocommissions comme le craignaient de nombreux acteurs financiers. Mais il propose tout un dispositif autour du concept de Value For Money qui pourrait être lourd de conséquences pour le monde de la gestion d’actifs.
La grande déception vient toutefois du manque d’ambition sur l’éducation financière.
Une grande absente, l’éducation financière
En effet, malgré de nombreuses déclarations à ce sujet, la proposition législative de Stratégie pour l’Investissement des Particuliers (RIS) de la Commission Européenne ne comprend aucune proposition majeure sur l’éducation financière.
Dans le cadre des amendements à MiFID, la proposition indique seulement deux choses. D’une part, les Etats Membres doivent promouvoir l’éducation financière. D’autre part, elle différencie de manière succincte ce qu’est l’éducation financière par rapport aux documents marketing. Il va de même pour la DDA.
Rien de très concret ou d’impactant donc.
Une occasion manquée
Il est dommage que dans un texte présenté comme aussi fondamental et structurant la Commission Européenne accorde aussi peu d’importance à ce thème.
Comment en effet augmenter la participation des investisseurs particuliers aux marchés financiers sans augmenter la compréhension qu’ont ces derniers de ces mêmes marchés financiers.
Des études sur le manque de culture financière des français sont régulièrement publiées. Sans connaissance financière suffisante, comment investir dans de bonnes conditions ? Comment même comprendre l’importance et les enjeux de l’épargne financière dans la vie d’un particulier ? Que ce soit pour le financement des études des enfants ou la préparation du passage à la retraite.
Certains pourraient se dire que les intermédiaires financiers sont justement là pour aider à organiser cette épargne. Mais dans sa proposition, la Commission Européenne cite elle-même une étude qui indique que seulement 38% des personnes interrogées considèrent que le conseil en investissement qu’ils reçoivent sert vraiment leurs intérêts.
Or les enjeux sont tellement importants. D’un côté, le système de retraite par la seule capitalisation connaît un important défi financier. De l’autre côté, les défis financiers liés à la transition climatique sont considérables et nécessiteront une capacité d’investissement accrue impossible à réunir sans la mobilisation des investisseurs particuliers.
Cette mobilisation peut avoir de vrais impacts. Ainsi en février et en mars, les français ont ouvert respectivement 600 000 et 400 000 livrets d’épargne populaire (LEP).
Un rôle à jouer pour l’Europe ?
Les niveaux de culture financière sont bien sûr différents d’un pays européen à l’autre. Les systèmes éducatifs le sont également. Ce qui marche dans un pays pourrait ne pas marcher dans l’autre.
Pourtant le vieillissement de la population et le défi climatique sont bien des défis européens. La nécessité de connaître l’importance de l’épargne financière et le fonctionnement des produits financiers est valable pour tous les européens.
Dans ce contexte, il serait souhaitable que l’Europe se saisisse plus ardemment de la question. Plutôt qu’un système de benchmark de prix sur les fonds de placement qui ressemble fâcheusement à un contrôle des prix, pourquoi ne pas avoir imposé un système de contribution obligatoire des établissements financiers européens à des initiatives réelles et impactantes sur l’éducation financière des citoyens européens ?
En tous cas, chez Neuroprofiler, nous avons commencé à relever le défi de l’éducation financière avec notre parcours ludique nommé EduProfiler.
Ressources
Proposition Omnibus 230524-proposal-omnibus-directive_en.pdf (europa.eu)
MiFID II 32014L0065 – EN – EUR-Lex – European Union
DDA 32016L0097 – EN – EUR-Lex – European Union
Eurobarometer survey monitoring the level of financial literacy in the EU, 2023. The relevant question is Q12. “How confident are you that investment advice you receive from your bank/insurer/financial advisor is primarily in your best interest?”.