Les neurosciences et leur importance dans l’éducation financière

Les neurosciences sont un domaine de recherche interdisciplinaire faisant intervenir toutes les matières scientifiques susceptibles d’aider à la compréhension du comportement humain, y compris les mécanismes d’apprentissage (philosophie, intelligence artificielle, économie..).

Parmi ces disciplines, les neurosciences, qui consistent en l’étude de notre système nerveux, ont une place privilégiée.

Les neurosciences ont connu un essor très fort avec les progrès technologiques de l’imagerie médicale, notamment le développement de l’imagerie par résonance magnétique (IRM) à partir des années 1970.

Les conseils pour mieux apprendre selon Stanislas Dehaene, appliqués à l’éducation financière

Pilier 1 : Apprendre à faire attention

L’attention et la concentration sont nécessaires à toute forme d’apprentissage efficace.

Stanislas Dehaene identifie plus précisément trois phases de l’attention : l’alerte, l’orientation et le contrôle exécutif. Dans la phase d’alerte, l’attention de l’apprenant doit être captée (animation, changement de rythme, son, surprise…). Ensuite, cette dernière doit être canalisée vers le bon objet et au bon niveau.

Enfin, l’apprenant doit être invité à se concentrer sur l’apprentissage en inhibant tout autre élément qui pourrait le perturber (contrôle exécutif). Ces trois phases mobilisent massivement l’activité cérébrale. Les sources de distraction doivent ainsi être évitées. Ainsi, travailler en écoutant de la musique, travailler dans des open spaces bruyants ou réaliser deux tâches en même temps nuit à la qualité de l’apprentissage. Dans le cadre d’une application « e-learning », un juste milieu doit être trouvé entre attirer l’attention de l’apprenant – via une approche ludique et interactive – et éviter toute forme de distraction, via par exemple un excès d’animations non pertinentes pour l’apprentissage ou une surcharge visuelle de l’écran.

Pilier 2 : L’engagement actif

Nous apprenons bien mieux en état actif que passif. Ainsi, le système éducatif traditionnel fondé sur un cours magistral suivi, quelques semaines après, d’un examen, est une méthode d’apprentissage peu efficace. Nous apprenons principalement par l’exercice et l’interaction. Sinon, notre attention (pilier 1) disparaît très vite. Par ailleurs, nous pouvons garder notre niveau d’attention si la tâche demandée continue à aiguiser notre curiosité. Rendre les conditions d’apprentissage plus difficiles va donc aboutir à plus d’engagement de l’apprenant. Cependant, si la tâche devient trop difficile, l’apprenant risque de se décourager. Il est donc essentiel d’adapter le niveau des exercices demandés à celui de l’apprenant.

Pilier 3 : Apprendre de ses erreurs

Selon les recherches de Stanislas Dehaene, notre cerveau apprend de manière bayésienne.

Nous partons d’un a priori, par exemple « investir en bourse ne peut pas être éthique », et nous actualisons cette croyance au fur et à mesure de notre expérience, principalement en commettant des erreurs et en les corrigeant. Pour apprendre efficacement, il est donc idéal de permettre à l’apprenant d’expérimenter de manière active. La boucle décrite par Dehaene est la suivante : prédiction, feedback, correction, nouvelle prédiction. Une méthode d’apprentissage aux antipodes de notre culture européenne de l’éducation, structurée principalement autour de la peur de l’échec. Il existe néanmoins une condition majeure pour assurer l’efficacité de l’apprentissage par l’erreur. Cette dernière doit être corrigée immédiatement, afin d’intérioriser la bonne réponse sans délai, et de manière non punitive, le stress étant un inhibiteur d’apprentissage.

Au contraire, l’apprenant doit être récompensé de ses bonnes réponses. A nouveau, cette méthode d’apprentissage est à l’opposé de celle familière des épargnants actuels, qui ont grandi dans un système scolaire où l’examen était suivi de sa correction avec une ou deux semaines d’intervalle.

Pilier 4 : La consolidation

Il est plus efficace de travailler 15 minutes par jour pendant 8 jours que deux heures d’affilée. Le sommeil a un rôle fondamental dans l’apprentissage et la mémorisation des concepts clés. Etaler l’apprentissage permet une mémorisation à plus long terme et avec moins d’effort. Outre l’étalement dans le temps, la répétition est essentielle. D’un point de vue neuronal, cela permet de passer d’un apprentissage explicite, qui mobilise beaucoup d’effort cognitif (cortex préfrontal), à un traitement automatisé inconscient. Nous nous libérons ainsi de l’espace cérébral pour apprendre de nouveaux concepts.

La remise en cause de certains « Neuromythes » autour de l’apprentissage

  • NEUROMYTHE 1 : NOUS AVONS DES STYLES D’APPRENTISSAGE DIFFÉRENTS

Dans ses différentes études, Stanislas Dehaene démontre que l’architecture organique de notre cerveau est structurellement identique d’un individu à l’autre. Aucune de ses études n’a pu, par exemple, démontrer l’existence de différents styles d’apprentissage (plutôt auditif ou visuel), ni d’inégalités entre les genres ou les milieux sociaux. Cela n’exclut pas certains handicaps, comme la dyslexie, pour lesquels certains aménagements pédagogiques sont nécessaires.

  • NEUROMYTHE 2 : NOUS DEVONS D’ABORD BIEN MAÎTRISER LA THÉORIE AVANT DE PASSER À LA PRATIQUE

La structure d’apprentissage européenne, notamment dans les pays latins, est principalement fondée sur un apprentissage dans un premier temps passif, devant un cours magistral, puis sur des examens pratiques pour valider les connaissances acquises. Les chercheurs en neurosciences démontrent l’inefficacité de cette approche. Notre cerveau apprend essentiellement de manière active, via la stimulation, l’interaction et la surprise. Ainsi, il est essentiel selon ces théories d’aller au plus vite vers les exercices, afin « d’apprendre en faisant », grâce à l’erreur et à l’expérimentation.