Peut-on se fixer des objectifs de manière inconsciente ?

Quels sont les objectifs de nos actions ? Nous ne sommes pas toujours capables de répondre à cette question, mais nos neurones le peuvent-ils?

Dans cet article, nous explorons comment nous pouvons prendre des décisions de manière inconsciente.

Imaginons que nous parlons à un ami au téléphone dans la rue. Soudain, nous réalisons que nous sommes entré dans un supermarché. Nous ignorons pourquoi, nous avons peut être consciemment planifié d’aller au supermarché avant d’avoir été interrompu par un appel téléphonique et nous ne nous en souvenons plus. Nous avons aussi peut-être inconsciemment réalisé que nous avions besoin d’acheter une bouteille de vin, car nous avons invité l’ami à qui nous parlions par téléphone à dîner. Dans tous les cas, nous nous retrouvons bêtement dans ce supermarché sans savoir exactement ce que nous sommes venus y chercher.

Se fixer des objectifs inconsciemment

Plusieurs expériences d’économie comportementale ont été menées pour étudier les racines neurales de ce surprenant mécanisme cognitif.

Par exemple, dans une expérience menée par le neuroscientifique français Pessiglione, des images de pièces d’euros ont été projetées très rapidement aux participants, de sorte qu’ils n’étaient pas conscients de leur perception (perception préconsciente). Ces participants durent ensuite réaliser une tâche mathématique.

Les résultats ont montré que les participants qui avaient vu les images des euros, même de manière inconsciente, réussissaient mieux que ceux qui n’avaient pas vu ces images.

L’analyse neuronale de l’expérience a confirmé que la perception inconsciente des images des euros activait le système de récompense (striatum dans la partie  »reptilienne » du cerveau), alors que ce n’était pas le cas pour les participants sans cette tâche d’amorçage.

Se récompenser et se punir inconsciemment

D’autres expériences comportementales ont démontré que l’on peut non seulement se fixer des objectifs de manière inconsciente, mais également évaluer le résultat de nos actions inconsciemment.

Le test  »Go-no Go » en est une bonne illustration. Ce test consiste à appuyer sur une touche si on voit un anneau vert ou gris à l’écran sauf si on voit un cercle rouge ou noir avant.

Dans l’expérience, les participants ont passé un test de « Go-no GO » avec, parfois, la projection préconsciente d’un cercle gris (projection très rapide de sorte qu’ils n’étaient pas conscients de cette image bien que le cerveau la garde en mémoire pendant une brève période).

Les résultats montrent que lorsque les participants ont appuyé sur la touche après avoir inconsciemment vu le cercle gris, ils ont automatiquement passé plus de temps à répondre à l’essai suivant, comme s’ils étaient inconsciemment contrariés par l’erreur qu’ils venaient de commettre.

Dans les deux cas d’erreurs conscientes et inconscientes, la partie du cerveau appelée cortex préfrontal ventromédial (VPMC) est activée. Le VPMC est une partie du cortex préfrontal et gère la partie émotionnelle de la prise de décision.

En d’autres termes, nous sommes inconsciemment contrariés d’avoir inconsciemment commis une erreur !

References :

Unconscious errors enhance prefrontal-occipital oscillatory synchrony
Michael X Cohen1,2* †, Simon van Gaal1,3†, K. Richard Ridderinkhof1 and Victor A. F. Lamme3 Pessiglione, M., Schmidt, L.,
Draganski, B., Kalisch, R., Lau, H., Dolan, R. J., et al. (2007).
On Making the Right Choice: The Deliberation-Without-Attention Effect, Dijksterhuis,Bos,Nordgen,Baaren
Activation of the Cognitive Control System in the Human Prefrontal Cortex, HakwanC. Lau1,2 and Richard E. Passingham
How the brain translates money into force. A neuroimaging study of subliminal motivation. Science, 316, 904–906