Qu’est-ce que l’investissement durable ?

Un intérêt croissant de l’industrie financière pour l’investissement durable

L’intérêt pour l’investissement durable a été accru ces dernières années, notamment en raison de la crise sanitaire et des nouvelles règlementations financières.

Le flux de trésorerie annuel dans les fonds durables a plus que doublé de 2019 à 2020 et a été multiplié par dix depuis 2018.

Un rapport du Forum des Etats-Unis pour l’Investissement Durable et Responsable a noté que le total des actifs d’investissement durable en gestion a atteint 17,1 trillions $ en 2020 – une hausse de 42% depuis 2018. Aujourd’hui, on estime que 33% des actifs américains en gestion professionnelle sont liés à l’investissement durable.

Mais que signifie exactement le terme de durabilité?

La notion durabilité ou de finance durable fait référence à la réconciliation des enjeux économiques, sociaux et environnementaux. Derrière cette définition générique se cachent de nombreuses interprétations différentes au niveau des Etats ou des organisations internationales.

La durabilité selon l’ONU

L’ONU a été précurseur dans son approche du développement durable en catégorisant dès 1987 les objectifs de développement durable en matière de durabilité en 17 catégories, le SDG (The Sustainable Growth Goals) :

  • zéro pauvreté
  • zéro faim
  • bonne santé et bien-être
  • qualité de l’éducation
  • égalité des genres
  • eau propre et assainissement
  • énergie propre et abordable
  • travail décent et croissance économique
  • industrie, Innovation et Infrastructure
  • réduction des inégalités
  • villes et collectivités durables
  • consommation et production responsable
  • action pour le climat
  • la vie aquatique
  • la vie terrestre
  • paix, justice et des Institutions fortes,
  • partenariats pour la réalisation des objectifs.

L’objectif de l’ONU est de donner un cadre aux entreprises et aux institutions financières afin qu’elles s’engagent en faveur d’un environnement plus durable.

Malheureusement, les SDG de l’ONU n’ont pas été massivement adoptés par les Etats et les autres organisations internationales.

Au contraire, des taxonomies locales ont commencé à apparaître.

Voici ci-dessous des exemples de ces taxonomies vertes émergentes dans différentes régions.

La durabilité dans les autres pays

La taxonomie en Mongolie

La Mongolie a été l’un des premiers pays à établir la taxonomie verte en 2019.

Leur taxonomie se concentre sur quatre objectifs environnementaux (l’atténuation et l’adaptation au changement climatique, la prévention de la pollution, conservation des ressources et amélioration des conditions de vie) et sur 6 principes :

  • Contribuer aux politiques et objectifs nationaux
  • Aborder les challenges environnementaux
  • Couvrir les émissions élevées, les secteurs clés économiques
  • S’aligner avec les standards internationaux et les bonnes pratiques
  • Se conformer aux standards ESG
  • Continuer à changer et à réviser la règlementation

La taxonomie chinoise

La Chine a délivré plusieurs cadres législatifs en rapport avec la finance durable.

Un rapport sur les obligations vertes a été publié en 2015 et un second sur l’industrie verte a été publié en 2019.

Pour l’octroi de prêts, la Commission réglementaire de la banque en Chine a émis des directives de crédit et des indicateurs de performance.

Les six catégories des industries vertes listées dans le rapport sont :

  1. La fabrication d’équipements à haut rendement énergétique
  2. Industrie propre de production
  3. Industrie propre d’énergie
  4. Industrie de l’écologie et de l’environnement
  5. Mise à niveau écologique de l’infrastructure
  6. Services écologiques

La taxonomie en Grande Bretagne

Avec le Brexit, le Royaume Uni a décidé de ne pas suivre les régulations européennes sur la durabilité.

Le 18 octobre 2021, le gouvernement britannique a publié un rapport nommé « Greening Finance: Roadmap to Sustainable Investing », qui révèle le plan du gouvernement britannique de lancer très prochainement une taxonomie verte différente de la taxonomie européenne.

Indonésie, Canada, Etats-Unis…

Les autres pays ont déjà annoncé la publication de leur propre taxonomie dans les années à venir, comme l’Indonésie, Singapour, l’Australie, le Canada ou les Etats-Unis.

Le prochain challenge : bâtir une approche commune à la durabilité

L’augmentation rapide du nombre de publications de taxonomies vertes locales est évidemment un signal très positif. Cependant, leur diversité peut augmenter le risque de greenwashing et générer une énorme complexité en termes de classification et de recommandation des produits financiers pour les institutions financières internationales.