Regardez cette vidéo!
Que s’est t-il passé?
Cette expérience cognitive a été dirigée dans les années 1940 par deux psychologues Heider et Simmel.
Les universitaires ont découvert que la plupart des personnes qui ont regardé ce petit film aux formes abstraites ont rapidement conceptualiser qu’il s’agissait d’une histoire.
Plus que la rationalité, nous préférons les belles histoires.
Dans ces formes simples, les spectateurs ont reconnu des personnages aux caractères très distincts, avec des émotions, des motivations et des quêtes.
En réalité, l’animation de ces formes est aléatoire. Comment expliquer cette imagination débordante de notre esprit?
Notre cerveau n’aime pas le hasard. Le hasard est ennuyeux. Nous préférons les belles histoires.
Nous avons une nouvelle promotion au travail. Nous embrassons pour la première fois notre nouvelle petite amie. Nous venons de gagner 4 fois au casino.
C’est décidément notre jour de chance! Tous ces évènements heureux ont forcément un lien. Cela dépasse la rationalité.
En tout cas, il est plus distrayant de penser ainsi que de nous dire qu’il s’agit juste de la pure coïncidence.
Ce goût prononcé pour le story-telling nous mène souvent à confondre corrélation et causalité et à tirer des conclusions hâtives d’évènements qui n’ont pourtant rien à voir les uns avec les autres.
Les fonds d’investissement dans le secteur du luxe ont surperformé ces trois derniers hivers? Cela signifie que l’on devrait systématiquement investir dans le secteur du luxe juste avant l’hiver. Logique, les consommateurs s’ennuient en hiver et donc achètent plus de produits de luxe.
Les top trois startups de l’année sont gérés par trois co-fondateurs? C’est un signe qu’une gouvernance d’entreprise à 3 co-fondateurs est très saine.
Bref, notre cerveau aime rationaliser ce qui n’est souvent que le fruit du hasard. Pourtant, nous sommes en permanence confrontés à des corrélations sans aucun lien de causalité.
Prenons l’exemple ci-dessous de la parfaite corrélation entre le nombre de suicide par pendaison, strangulation et suffocation et les dépenses des Etats-Unis pour les sciences, l’espace et la technologie. Corrélation parfaite…mais causalité plus difficile à justifier!

Les marchés financiers ne peuvent pas toujours être expliqué par de belles histoires
Cette heuristique de story-telling influence fortement nos décisions financières et consiste la base de nombreux autres biais. En voici quelques exemples:
L’erreur du joueur
Ce biais, aussi connu comme l’erreur du parieur, est la croyance erronée que, si un évènement particulier se produit plus souvent que la normale dans le passé, sa chance de se reproduire dans le futur est plus faible (ou vice versa), même si les évènements sont en fait indépendants.
Ex: penser que le prochain lancé de dés donnera un six car il y a eu récemment moins de six que d’habitude dans les lancés précédentes.
Le biais du survivant
Le biais du survivant est la tendance pour les entreprises qui ont fait faillite d’être exclues des études de performance car elles n’existent plus.
Cela a souvent pour effet de fausser les résultats des études, car seules les entreprises ayant eu suffisamment de succès pour survivre jusqu’à la fin de la période sont incluses.
Par exemple, la sélection de fonds d’une société de fonds ne comprendra que les fonds encore en fonction aujourd’hui.
Le biais de confirmation
C’est la tendance de chercher, interpréter, favoriser et se rappeler uniquement les informations qui confirment nos croyances antérieures.
Imaginons que nous avons la conviction que l’approche ESG dans le domaine du luxe est très profitable.
Avant d’investir, nous regarderons la fiche descriptive des fonds ESG dans le luxe.
Nous nous concentrerons inconsciemment seulement sur les aspects positifs de la description qui viendront renforcer notre conviction. Nous oublions alors les principes de la rationalité.
Rationalisation
Ce comportement est un mécanisme de défense dans lequel nous justifions rationnellement des impulsions inconscientes.
Vous avez déjà investi dans le secteurs du luxe auparavant. Vous ne vous souvenez plus très bien pourquoi.
Malheureusement, le secteur du luxe s’est effondré ces derniers mois. Vos proches ont titillé votre orgueil en vous disant qu’il n’était pas judicieux d’avoir autant investi dans ce secteur.
Vous allez probablement rationnaliser a posteriori votre choix en le rendant cohérent et rationnel pour le justifier.
Vous expliquerez que cet investissement était à l’époque très rationnel, et que cette baisse signifie justement qu’une hausse significative suivra très bientôt, ce qui rendra votre investissement encore plus rentable.
Références
- McLaughlin, Brian P.; Rorty, Amélie, eds. (1988). Perspectives on Self-deception. University of California Press.
- Tsang, Jo-Ann (2002). “Moral rationalization and the integration of situational factors and psychological processes in immoral behavior” (PDF). Review of General Psychology. 6 (1): 25–50
- Kahneman, Daniel. Thinking fast and slow.